18ème arrondissement, quartier populaire de la Goutte d’Or. C’est au 48 rue Myrha que Sheroes TV sonne à la porte de la jeune créatrice mode Dyenaa Diaw. Un atelier-boutique cocooning, ouvert sur le monde avec sa façade entièrement vitrée. Une plongée dans l’univers stylistique de la jeune franco-sénégalaise. La promesse d’un vestiaire féminin aux coupes ultra-modernes, teinté d’inspirations africaines.
« Je ne regrette rien »
Cette maman de deux enfants, non pas peu fière d’avoir sa première « adresse » dans le quartier qui l’a vu grandir, confesse : « Pour lancer ma marque, j’ai dû réfléchir le projet, trouver des investisseurs, quitter ma zone de confort car j’avais un salaire fixe tous les mois… Il m’a fallu trouver le courage d’abandonner tout cela mais aujourd’hui je ne regrette rien ».
Cet espace dédié à la création, Dyenaa Diaw en a longtemps rêvé. Diplômée en styliste-modélisme au lycée Paul Poiret depuis 1994, la créatrice se remémore les postes de chargée de clientèle et d’assistante commerciale qu’elle occupe jusque début 2016. Des « emplois alimentaires », qui l’éloignent de ses premiers amours. Mais la passion du « chiffon » n’est qu’en sommeil. De fil en aiguille, Dyenaa Diaw assiste à des shootings photos, devient habilleuse pour des éditoriaux magazines, etc… jusqu’à l’idée du projet Peulh Vagabond’* en 2014.
A la force du poignet
Déterminée à lancer sa marque, Dyenaa Diaw n’ hésite pas à retourner sur les bancs de l’école. En 2015, la passionnée suit les cours du soir de modélisme d’Esmod. Une école de mode réputée, qui a compté Daniel Hechter ou encore Olivier Rousteing de Balmain, pour élèves. De quoi revoir certaines bases mais surtout acquérir de nouvelles compétences dans le domaine de la conception-fabrication.
Ses premières créations voient ensuite le jour en juillet 2015. Sa collection « Fulani », autre nom pour désigner les Peuls, ce peuple nomade subsaharien, traduit la forte inspiration de la jeune franco-sénégalaise dans ses origines. En février 2016 , la jeune créatrice remporte un franc succès avec sa deuxième collection « Fleurs d’Ewe » à la Fashion Week d’Atlantic City, aux Etats-Unis. A son retour, c’est décidé, l’ambitieuse ouvre son showroom et lance son site de vente en ligne.
Poursuivre son rêve
Son leitmotiv aujourd’hui ? Provoquer l’inattendu, aller à contre-courant de la tendance « wax mania » comme elle le dit; le wax ce tissu imprimé si prisé en Afrique est de toutes les vitrines parisiennes cette année. Ses voyages de jeunesse à Dakar tous les étés, sa double culture, son environnement, Dyenaa Diaw en fait un joli mix. Du prêt-à-porter où l’ imprimé est roi, où l’Afrique et la femme sont reines dans toutes leurs diversités.
Sa force, Dyenaa Diaw la tient de ses proches et de leur soutien sans faille. La quatrième enfant d’une famille de huit raconte : » depuis les prémices de ma marque, mes soeurs ont toujours cru en moi. Ma mère aussi m’a soutenu financièrement pour que je puisse commencer mon activité. Je suis vraiment chanceuse, ma famille c’est le plus grand des trésors ».
Inspirations, quotidien, ambitions, voici le portrait d’une jeune créatrice mode qui imagine l’Afrique habiller le monde.
* collections à découvrir sur http://www.peulhvagabond.com et durant la Paris Design Week, du 8 au 16 septembre prochains http://www.maison-objet.com/fr/paris-design-week/participants/septembre-2017/peulh-vagabond