Un message fort, qui clôture notre premier épisode avec Fati Niang. « Tout est possible », 3 mots qui résonnent en ce mercredi 8 mars 2017, Journée Internationale des Droits des Femmes. Bien qu’elles soient à l’honneur au quotidien pour toute l’équipe, nous saisissons donc l’occasion pour remercier toutes ces muses qui nous aident à avancer, mamans, sœurs, tantes, cousines et autres amazones… C’est pourquoi nous tenons à revenir sur les tranches de vies de quelques (S)Heroes, même si la liste est sans fin. Un compilé inspirant qui, nous l’espérons, vous donnera envie de vous surpasser !
Le monde du cinéma a enfin récompensé des actrices et réalisatrices françaises, noires, maghrébines, issues des quartiers ou non, lors de la cérémonie des Césars 2017. Des femmes peu souvent triomphées dans cette remise de trophées légendaire.
ACTION
Repartent avec dans leurs sacs le Saint-Graal de 3,8 kgs : Alice Diop, César du meilleur court-métrage avec Vers la Tendresse dont nous avons fait le portrait récemment, ex-aequo avec Maïmouna Doucouré pour Maman(s). Mais aussi, toutes unies dans le film « Divines » : Oulaya Amamra, meilleur espoir féminin, Déborah Lukumuena, meilleur second rôle féminin et la réalisatrice Houda Benyamina, meilleur premier film.
En mai 2016, c’est le poing levé, comme un air de déjà vu, qu’Houda Benyamina et l’équipe de Divines remportent la Caméra d’or. Sur twitter, la réalisatrice immortalise sur la toile ce moment :
« Cannes nous appartient, Cannes est à nous aussi,
on est là, c’est possible « .
Houda Benyamina : « Cannes nous appartient, Cannes est à nous aussi, on est là, c’est possible » #Cannes2016 pic.twitter.com/1e6Nf8dIJN
— CANAL+ (@canalplus) 22 mai 2016
Aux Césars cette année, on se souviendra longtemps des discours de ses jeunes actrices, émues aux larmes la voix tremblante, qui semblent ne pas atterrir dans la cour des grands. Leur point commun n’est pas leur « diversité », comme si souvent évoqué, mais bien une passion commune, viscérale du cinéma que rien ne pourrait ébranler. Un sacerdoce, une destinée résumée à merveille par les paroles de l’une d’entre elles, Déborah Lukumuena : « La conclusion c’est que chaque fois que j’essaies de revenir dans ma petite vie quotidienne, le cinéma me tapote à l’épaule et me dit hey viens je t’emmène ! (…) Je ne sais pas si le cinéma m’aime, mais moi j’ai envie de lui dire que je l’aime terriblement (…)».
La touchante Déborah Lukumuena, César du… par CinemaCanalPlus
BEAUTE ENGAGEE
Comme au cinéma, les lignes bougent peu à peu dans l’univers de la beauté. Le 17 décembre dernier, Alicia Aylies remporte la couronne Miss France 2017 et offre son tout premier sacre à la Guyane, qui l’a vu naître. Une reconnaissance de taille pour la jeune femme brune aux yeux émeraudes, alors âgée de 18 ans. Un triomphe pour la nouvelle « plus belle femme de France », apparemment pas du goût de tout le monde. Victimes de commentaires racistes sur les réseaux sociaux au lendemain de son couronnement, la jeune élue s’exprime au micro d’Europe 1 :
« Je représente les Outre-mer, c’est une fierté pour moi. ».
La Miss France, plutôt sereine, ajoute : « les gens avaient peut-être besoin de voir une Miss France de couleur ».
Se protéger, faire attention à sa garde, la jeune passionnée d’escrime y est habituée depuis la petite enfance. Pratiquant cette discipline dès l’âge de 4 ans, la nouvelle « plus belle femme de France » confiait à Paris Match vouloir profiter de son règne pour « soutenir l’accès au sport pour tous et particulièrement ceux à mobilité réduite. Selon moi, c’est un moyen sûr d’acquérir des valeurs de tolérance et de solidarité, de s’initier au « bien vivre ensemble » et de dépasser les différences.. «
Outre Manche, Maria Borges, jeune mannequin angolaise clame haut et fort son naturel dans une interview accordée à Glamour.com. « Je veux montrer que les femmes ne doivent pas chercher un moyen de se sentir belle. Soyez-vous même et vous serez belle ! ». Nommée Ambassadrice du géant de la cosmétique L’Oréal récemment, la nouvelle égérie rejoint des icônes telles que Karlie Kloss, Doutzen Kroes, Lara Stone et Liya Kebede. Dans un communiqué de presse, elle déclare :
« Je crois en la diversité de la beauté et au message encourageant qu’une fille qui n’est partie de rien peut devenir un symbole de beauté international ».
Depuis 2013, la jeune femme fait partie du cercle très fermé de Victoria’s Secret, la marque américaine de lingerie. En 2015, « l’ange noir » marque l’histoire de ce défilé, l’un des plus prestigieux de la planète, lorsqu’elle ose défiler avec ses cheveux courts au naturel.
Sur son compte twitter, la top model affiche un optimisme à toute épreuve et motive les troupes : « Gardez la tête haute, levez le menton et le plus important, gardez le sourire. La vie n’est pas simple mais c’est une belle chose que la vie ». Une véritable force d’esprit…
Keep your head high, your chin up, and most importantly, keep smiling. Life isn’t easy but it’s a beautiful thing. pic.twitter.com/TCm4M374di
— Maria Borges (@IamMariaBorges) 6 mars 2017
PERSERVERANCE
Sandrine Gruda en est l’incarnation. A 29 ans, la basketteuse française au palmarès impressionnant devient, en octobre 2016, la première française à remporter le WNBA, la version féminine du NBA, célèbre championnat américain. Offrant par la même le 3ème titre de son histoire aux Los Angeles Sparks, depuis le tout premier en 2002.
« Être la personne qui ouvre et ferme les portes du gymnase ».
C’est la devise de cet athlète accomplie. Vainqueur de l’Euroleague à Ekaterinburg en 2013 ou encore médaillée d’argent au JO de Londres en 2012, Sandrine Gruda doit tout à son travail acharné.
Sur son blog, http://www.sandrinegruda.fr/news/, la jeune trentenaire raconte avec humour ses pérégrinations depuis la Martinique jusqu’à l’Union sportive de Valenciennes Olympic à 18 ans. Puis son départ en 2007 pour le grand froid, direction Ekaterinbourg en Russie pour intégrer la crème de la crème des clubs du basket féminin. Du haut de son mètre quatre-vingt-treize et ses 84 kgs, Sandrine Gruda se confie sur les heures d’apprentissage du cyrillique, l’alphabet russe, les entraînements inlassables la semaine, le week-end et même pendant les vacances. Cette recherche de l’excellence, la jeune femme la connaît bien : « Des limites, j’en avais bien sûr. Mais un objectif, une obsession même, toisaient mes capacités du moment : devenir la meilleure. C’est bien simple : quand la fatigue survenait, quand mon corps fléchissait, ma petite voix intérieure prenait le relais : “ Hé, Sandrine, tu te bouges ou quoi ? Tu préfèrerais peut-être prendre ta douche, c’est ça ? ».
Une petite voix qui guide la championne au sein du club Fenerbahçe, en Turquie et jusqu’aujourd’hui en championnat de l’Euroleague Women, la compétition de clubs féminins la plus importante en Europe. Avec son équipe, elle remportait hier à Istanbul la première Manche contre l’Espagne. Deuxième round le 10 mars.
FORCE TRANQUILLE
Toujours dans le sport, en octobre 2016, Kübra Dagli est médaillée d’or en équipe au 10ème Championnat du monde de taekwondo Poomsé de Lima, au Pérou. Bien que consacrée championne, la jeune athlète voilée divise alors l’opinion dans son pays la Turquie, à majorité musulmane. Selon l’Independent UK, vivement critiquée à la fois par les conservateurs et les modérés, la sportive de haut niveau écrit sur les réseaux sociaux (traduit de l’anglais) : “Ils ne parlent pas de mon succès mais de mon voile. Je ne veux pas de cela. C’est de notre succès dont il faut discuter, nous avons fourni tant d’effort. Nous avons fait de notre pays et de notre équipe des champions du monde. C’est notre fierté commune. »
A l’heure où le géant Nike annonce la sortie au printemps 2018 du Hijab Pro, un équipement destiné aux athlètes musulmanes avec foulard intégré, Kubra Dagli retrouvera peut être ses lettres de noblesses en devenant icône de la marque.
JUSQU’AU BOUT DU RÊVE
Oscar Wilde disait : « il faut toujours viser la lune car en même en cas d’échec on atterrit dans les étoiles ». A 38 ans, la française Marie-Inès Romelle décide de réaliser son rêve en créant sa propre marque de champagne, alors qu’elle travaille comme vendeuse dans une épicerie fine à l’aéroport d’Orly. C’est chose faite depuis mars 2016, avec son champagne Marie-Césaire, dont le nom rend hommage à ses deux parents. Brut, rosé, blanc ou millésimé, le champagne se veut fruité selon les envies de sa créatrice, et donc élaboré à partir de sucre de canne et non de sucre de betterave. Avec pour clin d’oeil à sa Guadeloupe natale, un colibri estampillé sur le bouchon.
Arrivée à l’âge de 2 ans en métropole, Marie-Inès Romelle grandit à Grigny la Grande-Borne. Cette ancienne employée de banque décidera progressivement de tout quitter pour se lancer. Elle s’instruit sur le monde du champagne, créé sa marque avec son frère Jairo, développe une collaboration pérenne avec Christophe Lefèvre un viticulteur basé à Ecueil, dans la Marne. Récemment elle déménage à Reims avec son mari au plus près des vignobles, reprend des études et obtient un Master 2 en administration des entreprises. Dans une interview accordée au Parisien, la chef d’entreprise ne cache pas son étonnement quant au succès du Marie-Césaire : « Nous avions prévu un stock de 10 000 bouteilles pour approvisionner nos clients pendant un an et demi. Mais nous en avons déjà vendu près de 8 000. Heureusement, les viticulteurs m’ont alloué 500 bouteilles supplémentaires ! »
Aujourd’hui, la jeune femme nourrit déjà d’autres ambitions cette année : faire découvrir son champagne au plus grand nombre et s’exporter vers la Martinique et la Guadeloupe, chères à son cœur.
Rêver d’un monde meilleur et apporter sa pierre à l’édifice. Le 21 janvier dernier, la diva africaine Angélique Kidjo chantait à la Woman’s March qui comptait plus de 500 000 personnes, en réaction à l’investiture de Donald Trump. Dans sa chronique au Monde du 22 janvier durant l’évènement, l’artiste polyglotte se remémore les raisons de son départ de son Bénin natal en 1983 : « (…) J’ai quitté Cotonou parce que je ne supportais plus la soumission. Mon pays subissait à l’époque une dictature marxiste inflexible (…). Tout chanteur avait l’obligation d’encenser le pouvoir en place sans qu’on lui concède un quelconque esprit critique.Or moi, j’avais un rêve de jeune fille : parcourir les continents, affirmer la liberté des artistes, des femmes artistes en particulier, établir avec mes chansons des ponts entre les cultures, et contribuer à soigner la blessure de l’esclavage qui a tellement affecté le Bénin ! »
La musicienne revient sur son arrivée au pays des Droits de l’Homme, la France, pour ensuite repartir direction les USA où le « rêve américain » semble s’étioler aujourd’hui.
Angélique Kidjo, samedi 21 janvier, à Washington, où plus de 500 000 personnes participent à la Women’s March, dont un bon nombre de femmes coiffées d’un bonnet rose, en réaction de l’investiture de Donald Trump, la veille. CRÉDITS : DRMême si elle réside aux USA depuis 1998, Angélique Kidjo est toujours au continent ce que le tronc est à l’arbre, enracinée. Depuis octobre 2016 comme membre du jury du télé-crochet « l’Afrique a un incroyable talent », c’est d’ailleurs aux jeunes artistes du continent que la performeuse aux 3 Grammy Awards a dédié son dernier prix. Au-delà de la musique, cette philanthrope est aussi investie dans l’éducation, Ambassadrice de bonne volonté de l’Unicef et l’une des fondatrices de Batonga, une fondation qui œuvre pour l’éducation des filles en Afrique. De quoi en inspirer plus d’un(e) à suivre ses traces…